Header Ads Widget

Ticker

6/recent/ticker-posts

Géographies, 9



On dit qu’un prince en exil vint déjeuner dans cette taverne, de l’autre côté de la baie, à la fin du mois d’août.
C’était une immense plaine bleue, fraîche, iodée dans la chaleur de cette année-là qui tuait les chats et faisait gémir les chèvres dans leur sommeil. Elle arrivait tout près des tables, lisse, comme si elle continuait la terrasse dans une autre dimension, de l’autre côté du miroir de l’été.
On venait à la taverne pour l’étrange saveur du vin et des caracoles qui marinaient dans une épice inconnue. Il en resta au prince un goût de volcan, d’obsidienne et de cannelle.
Il était trois heures sans doute quand le prince alla dans le cabinet aux iris et vit, dans une très petite lucarne, et le ciel bleu marine, et le vert léger, modeste et doré d’une branche de tamaris, pendant qu’il pissait.
Il ressortit en pleurant.
Il parlait de la beauté de la baie, des saisons, de la mer et de la fille qui n’avait pas de bras.
On mit cela sur le compte de l’exil et de l’ivresse. On eut tort. De grands troubles s’ensuivirent.

7-18
(Géographies)


©jérômeleroy
 

Yorum Gönder

0 Yorumlar